Un "monde" privatif au grand public
Il est courant de voir dans l’espace public des rues et routes des villes mexicaines une profusion de panneaux publicitaires. En soit rien de particulier à l’apparence chaotique de ces contextes périphériques. Leurs messages et leurs objets nous interpellent cependant. Pas de réclames de produits ou d’images subliminales pour titiller le consommateur: c’est l’exclusivité de l’habitat qui est ici mis en vente. L’image sécuritaire de ces lotissements fermés (fraccionamentos cerrados) est l’argument principal pour amener des acheteurs friands d’isolement et de services sécurisants. Tel ce panneau (voir image), illustrant un enfant dans un jardin privatif près d’un molosse (montant la garde ?), accompagné d’une phrase faisant office de titre explicatif : « El mundo de Joaquim es el mas seguro » (le monde de Joaquim est le plus sur).
Dans l’espace public d’une ville à peine naissante se confrontent les images et leurs contextes. Alors que les panneaux sont disposés dans des zones d’habitat à la marge, plus ou moins industrialisées, au bord de grandes routes, leurs messages eux représentent une image de l’habitat bien différente de leurs contextes. Aussi ces panneaux s’adressent à une population qui souhaite se retrancher dans des enclaves privatisées. Cette aspiration à accéder au statut « d’élite » prend une tournure caricaturale sur un panneau présentant un couple sur un bateau avec pour titre « Si viajas en primera clase porque no vives en ella ? » (si tu voyages en première classe pourquoi ne vis-tu pas dedans ?). Vivre retranché du « monde » dans des logements "exclusifs" serait-il égal à l’achat d’un billet d’avion de première classe pour une destination de rêve ?
Cette vision contrastée du panneau du bord de route et de son lieu d’implantation nous raconte sans équivoque l’évolution actuelle d’une société divisée dans laquelle l’espace public représente les images d’un monde privé et inaccessible pour beaucoup.
Site web de promotion immobilière et des opérations presentées sur la photo :
Les définitions ci-dessous sont issues du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales [lexicographie].
PUBLICITE:
- Action de rendre public; résultat de cette action: Ces arrêtés des préfets sont exécutoires par eux-mêmes (...); mais après avoir été portés à la connaissance du public par voie d'affiches, quand ils intéressent toutes les communes, ou bien à son de trompe ou de tambour, surtout dit M. Taudière, depuis l'article 96 de la Loi de 1884, qui rend cette publicité obligatoire pour les arrêtés municipaux, et a fortiori, pour les arrêtés des préfets. Baradat, Organ. préfect., 1907, p. 92.
- Caractère de ce qui est notoire, connu de tous ou au moins du plus grand nombre de personnes. Entourer qqc. de la plus grande publicité; un coup de publicité. Elle s'habillait à ravir, et adorait M. de Chateaubriand. C'était, en termes d'étude, une conquête charmante pour Eugène. Il n'en parlait à personne, mais tout le monde le savait. Cette publicité alla si loin que le mari finit par l'apprendre (Soulié, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 67).
- Action, fait de promouvoir la vente d'un produit en exerçant sur le public une influence, une action psychologique afin de créer en lui des besoins, des désirs; ensemble des moyens employés pour promouvoir un produit. Publicité adroite, éhontée, informatrice, mensongère, tapageuse; frais de publicité; faire une campagne de publicité en faveur de qqc.; préparer de la publicité à un produit; publicité par voie de radio-télévision. Des sommes énormes sont dépensées pour la publicité commerciale. Aussi des quantités de produits alimentaires et pharmaceutiques, inutiles, et souvent nuisibles, sont-ils devenus une nécessité pour les hommes civilisés (Carrel, L'Homme, 1935, p. 29).