Reconstructing yourself in a changing urban environment

12 December 2008

OOB au Metropolitan Exchange

Avec le "nous" du Collectif OOB, une présentation réalisée à Metropolitan Exchange. Merci Meredith de cette invitation à faire partager nos questions!






05 December 2008

Architecture et sociologie

Il est toujours intéressant de visualiser dans des appels à propositions pour articles des questions du moment, qu'elles soient historiques ou sociales. L'architecture et la sociologie, voire au sens large les sciences sociales, sont deux mondes que nous avons, au sein du Collectif OOB , tenté de rapprocher mais surtout d'interroger lors de conférences. L'appel de la revue Espaces et Sociétés soumet ici un ensemble de questions aux auteurs, de manière à soulever les rouages qui ont permit tant à l'architecture qu'à la sociologie de se côtoyer, de s'entendre et de se constituer comme un "champ" de recherches et d'enseignements. La référence à Henri Lefebvre et Henri Raymond, têtes de file de ce domaine pluridisciplinaire mais surtout d'un savoir quasi nouveau est pour ainsi dire incontournable. Et comme le souligne Viviane Claude, co-directrice de ce futur numéro, elle est d'autant plus importante que la revue elle-même Espaces et Sociétés est née de ces figures et de leurs recherches.


>> Voir mon ancien post: "Un dialogue possible"


Appel à contributions de la revue Espaces et Sociétés

Sociologie et architecture : matériau pour une comparaison européenne

En 1968 se mettait en place en France sous l'égide de Max Querrien la « commission de réforme de l'enseignement des écoles d'architecture », où siégeaient entre autres, Henri Lefebvre et Henri Raymond. Il s'agissait alors de rénover l'enseignement de l'architecture et, pour ce faire, d'y adjoindre un contenu de type sciences humaines et sociales. Depuis, les sciences sociales, dont la sociologie, se sont développées dans les écoles d'architecture et plus largement dans les formations aux métiers de la ville. Elles forment un champ de recherches et de travaux désormais symbolisé tant par des acronymes renvoyant à des laboratoires et équipes de recherches que par des noms propres qui ont balisé cette histoire récente. Histoire durant laquelle les sciences sociales ont participé au développement de l'enseignement et de la recherche architecturale et urbaine en construisant des apports critiques, théoriques et méthodologiques. On peut d'ailleurs rappeler ici l'histoire de la création de la revue Espaces et sociétés fondée en 1970 par Henri Lefebvre et une équipe dans laquelle on trouve les architectes Pierre Riboulet et Anatole Kopp.

Jusqu'à aujourd'hui, il s'est principalement agi de construire une posture, des méthodes et des outils capables de soutenir la coopération de la sociologie à ces enseignements, voire une « interdisciplinarité ». Une réflexion qui a parfois conduit à des malentendus : les sociologues reprochant aux architectes l'instrumentalisation de leur discipline et les architectes professionnels reprochant aux sociologues un apport insuffisant, voire « trop distancié », à leurs pratiques. Il n'en reste pas moins que des outils, des méthodes, des « opérateurs de passage du savoir à l'action », notions et approches « hybrides », se sont forgés. Pourtant, à la différence d'autres branches de la sociologie, comme la sociologie de l'art, de l'urbain, ou des techniques, ces travaux ne semblent pas avoir essaimé au-delà des lieux de reproduction professionnelle et scientifique liés aux écoles d'architecture et à la recherche architecturale et urbaine, comme le montre en creux le travail de Pierre Lassave sur les sociologues et la recherche urbaine en France.

Pour autant le cas français n'est pas un cas isolé. La question des rapports entre enseignement de l'architecture, voire plus largement des métiers de la ville, et des sciences sociales se pose en effet également dans d'autres contextes nationaux. Pour exemple, en Allemagne, s'est mis en place un réseau de recherche et d'échange sur la question de la sociologie de l'architecture. À l'inverse, la formation des architectes espagnols n'a pas institutionnalisé et réglementé les enseignements de sciences sociales. Dès lors que cette question des rapports entre sociologie et architecture est saisie au regard de ses variations européennes, on est donc conduit à réexaminer les singularités de la situation hexagonale.

Cet appel à contributions d' Espaces et Sociétés voudrait donc interroger cette histoire sous l'angle du développement des disciplines, et plus particulièrement poser la question d'une « sociologie de l'architecture » et de ses variations à l'échelle européenne, voire internationale. Par le croisement d'analyses contextualisées il s'agit de construire un numéro capable d'instruire, voire de préfigurer une démarche comparatiste.

À partir de cette orientation, trois axes sont proposés. D'abord, quelles différences de développement dans la collaboration sociologie et architecture selon les contextes nationaux ? Peut-on parler aujourd'hui d'une sociologie de l'architecture au même titre qu'une sociologie de l'art, du travail… ? Ensuite, un corpus de références communes, des publications, des outils, des réseaux, permettant de parler véritablement d'une « sociologie de l'architecture » se sont-ils affirmés dans le temps ? À quel type de sociologie, et de sociologues, a-t-on affaire ? Comment caractériser aujourd'hui cet univers ? Enfin, qu'en est-il aujourd'hui de la place de la sociologie dans l'enseignement de l'architecture compte tenu des volontés et tentatives d'affirmation disciplinaire de ces deux champs ? De ce point de vue, il sera essentiel d'aborder la question même de l'usage du terme de « discipline ». Ce qui engage plus largement à investir une sociohistoire du développement de ces « disciplines » et des rapports qu'elles ont pu entretenir et entretiennent encore dans les différents pays européens.

Les propositions souhaitées, si elles prennent ici pour point de départ la sociologie, pourront être élargies à d'autres disciplines des sciences sociales. Elles peuvent prendre plusieurs formes :

• soit, des analyses diachroniques centrées sur des pratiques et des faits (témoignages, trajectoires, monographies de laboratoires, analyses de publications…), permettent de rendre compte des conditions sociales et historiques de la rencontre des sciences sociales et de l'architecture, comme des modes d'exercice qui se sont développés dans les établissements d'enseignement sur cette base ;

• soit des approches critiques et théoriques, voire des questionnements épistémologiques dans la mesure où la notion de discipline, en tant qu'ensemble organisé de savoirs et vecteur de leur transmission, reste ici à examiner, notamment dans sa dimension socio-historique.

La comparaison, à l'échelle européenne, constitue l'horizon de ce numéro d' Espaces et Sociétés . Les contributions permettant de croiser les regards et d'en déduire les enjeux comparatifs sont donc particulièrement attendues.