Robert Moses : enquête autour d’une figure historique
Couverture du catalogue de l'exposition.
Peu connu en France, Robert Moses est une figure importante de l’urbanisme aux Etats-Unis. Elle incarne la ville moderne, plus particulièrement New York entre les années 30 et les années 60. Occupant différentes positions dans les administrations de la municipalité de la ville de New York, la figure de Robert Moses s’est figée autour de son action au sein de l’administration dite de ‘slum clearance’ ou littéralement ‘éradication des taudis’.
Robert Moses (1888-1981) incarne l’histoire new yorkaise de la rénovation des centres villes américains par la reconstruction des quartiers centraux par de grands ensembles de logements sociaux empruntant les préceptes de la Charte d’Athènes et une forme radicalement moderne – laissant de fortes plaies dans les mémoires collectives des habitants et quartiers de la ville. En même temps, on lui doit aussi de grands travaux infrastructuraux de la ville de New York : ponts, parcs, espaces verts, équipements sportifs et de loisirs ; qui ont redonné du souffle et de l’air à une ville congestionnée et insalubre. Sa biographie retracée par l’écrivain Robert Caro sous le titre de ‘Power Broker’ a depuis sa première édition en 1974 décrit l’action et le personnage de Robert Moses comme la figure parfaite d’un urbanisme totalisant, radical et planificateur. Son effet cristallisera les critiques de l’urbanisme moderne et les mouvements sociaux des quartiers apparus dès le début des années 60 dont Jane Jacobs devient la figure de proue dans sous ouvrage Death and Life of Great American Cities en 1961.
Une publication et trois expositions sont consacrées aux travaux entrepris par Robert Moses aujourd’hui à New York – et ce, après trente ans de silence. Hilary Ballon commissaire des expositions a voulu partager sous différents thèmes et par lieux les expositions. Le Museum of the City of New York expose les grands travaux infrastructuraux, le Queens Museum of Art se concentre autour des équipements notamment les piscines, plages et espaces verts, et la Miriam & Ira D. Wallach Art Gallery se consacre au logement social et la rénovation urbaine des années 50 et 60. L’ouvrage collectif édité par Hilary Ballon et Kenneth T. Jackson nous fait apparaître un autre visage de New York au travers de « l’œuvre » de Robert Moses. Ce catalogue est le principal ouvrage publié depuis le Power Broker et réunit une iconographie unique et riche autour des travaux titanesques entrepris durant près de trente ans à New York, dont Moses serait le protagoniste principal.
Finalement exposer et publier la figure de Robert Moses de nouveau s’est reposer sur la table le lourd débat fortement critiqué du rôle de l’Etat et des municipalités en matière d’urbanisme ; les pratiques de community planning ou d’avocacy planning ayant effacé par leurs critiques l’histoire même des urbanistes planificateurs. Cette résurgence de Robert Moses apparaît aujourd’hui non pas seulement comme figure historique mais aussi comme question aux politiques urbaines actuelles. Jusqu’où devons-nous laisser l’Etat se charger de résoudre les problèmes urbains ? Et quels sont les rôles de pouvoir entre les citoyens, habitants des villes et les professionnels et décideurs du devenir urbain ? En soit ces problématiques prolongent et font écho parfaitement aux débats en France soulevés par les quartiers d’habitat social autour du devenir de nos grands ensembles de banlieue.
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